À l’occasion de la 82e édition des Vendredis du Vin, André Fuster nous propose de nous exprimer sur la thématique du vin trembleur comme une flamme, d’après un célèbre poème de Guillaume Apollinaire dans son recueil Alcools.
Mon verre est plein d’un vin trembleur comme une flamme
Il est évidemment possible d’interpréter ce vers de bien des façons, mais je vais rester très littéral, une fois n’est pas coutume. L’association d’une flamme et d’un vin trembleur me fait immédiatement penser à une bougie, et aux reflets rubis, grenats ou même écarlates d’un vin rouge. Cependant pour apprécier la robe d’un tel vin, encore faut-il qu’elle ne soit pas trop opaque… Malheureusement les modes sont passées par là et une couleur sombre, ténébreuse, ne laissant passer aucune lumière est le plus souvent synonyme de qualité. En serait-il vraiment fini de ces vins légers, joyeux, joueurs ? Non, et heureusement encore !
J’ai déjà parlé de la belle robe rubis des vins bourguignons, ou encore de ma passion encore naissante pour les clairets, de Bordeaux ou du Languedoc. Je pars donc dans une direction légèrement différente, avec un véritable vin de soif de mon coin : du bio, du nature, du cépage dénigré et presque oublié. Un Aramon 2014 (La Prairie) du domaine de la Banjoulière.
De coloribus non est disputandum
Ou plutôt, un OVNI : ni rosé, ni rouge ni même clairet. Un vin floral, léger, expressif, enjoué, et dont j’aime admirer la couleur pâle et délicate. Preuve une fois de plus que le lien est ténu, voire inexistant, entre intensité colorante et intensité aromatique. J’avoue ne prêter que peu d’attention à la couleur d’un vin, à sa turbidité et autres indications visuelles pourtant ô combien importantes : il suffit de se lancer dans une vraie dégustation à l’aveugle, avec un verre noir, pour se rendre compte qu’il n’est pas si simple de déguster le blanc du rouge sans l’aide des yeux ! Dans l’ensemble, j’ai tout de même une préférence pour les vins à la robe brillante et lumineuse.
Pour conclure, comme le dit si bien l’adage, une image vaut mieux qu’un long discours…
Admettons que ce vin épouse idéalement l’apéritif préludant une saucisse grillant sur la flamme tremblante d’un barbecue. Mais publier ça le jour le plus froid de l’hiver, je me sens en décalage…
En fait je m’aperçois que je bois très peu de vins « hivernaux » (alcool, tannins…), et ce même en hiver !